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Futur gouvernement : Les grandes réformes et l’emploi des jeunes

Personne n’est en mesure d’identifier les priorités auxquelles devra se consacrer le futur gouvernement, car cela est tributaire de sa démarche propre et de la stratégie de réforme qu’il adoptera

Les Tunisiens souhaitent voir les cinq prochaines années rompre avec la crise et les contreperformances économiques, financières et monétaires.  Le dossier économique devrait ainsi avoir la vedette au niveau des préoccupations des nouveaux élus et du prochain gouvernement.
Car si, face à l’inefficacité montrée jusque-là par les élus, le nouveau président de la République pose des problèmes de type structurels en liaison avec la représentativité et le mandat électif, le gouvernement qui aura la confiance des députés de la nation devra, dans l’urgence, veiller à créer les conditions d’une bonne émancipation de l’appareil économique.
Les gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution, non seulement n’ont pas répondu aux attentes de l’insurrection populaire, mais ont dilapidé les réserves financières accumulées suite aux privatisations. Des erreurs dues à l’agitation sociale, aux revendications multiples et excessives, aux généreuses compensations financières en faveur des amnistiés et à l’inexpérience de la nouvelle classe politique qui a dû contenter tout le monde en ménageant la chèvre et le choux, ont mené à la catastrophe économique, financière et sociale qu’a connue le pays.
Certes, les divers acteurs politiques ont fini par se donner la main, depuis 2013, en un élan consensuel appelé à redresser les indicateurs économiques et financiers en cause, mais si certains ont pu être quelque peu maîtrisés, l’investissement n’a pas vraiment repris et le dinar s’est effondré. D’où une forte persistance du chômage, notamment chez les jeunes, et une baisse des parts de budget réservées au développement.
Le nouveau gouvernement que l’on attend devra ainsi mettre les bouchées doubles pour redresser la situation économique, tout en parant au plus pressé en matière d’emploi des jeunes et d’urgences sociales.
Le gouvernement se devra d’élaborer, d’entrée, les lignes majeures d’une nouvelle stratégie de redressement. Et le budget de l’Etat devra s’y atteler. Or, le projet de budget préparé par l’actuel gouvernement est autre. D’où la nécessité d’une rapide adaptation qui pourra être introduite par étapes cohérentes. Même si certains chiffres sont difficiles à corriger, comme la part revenant aux salaires des employés de l’Etat : 19 milliards de dinars sur un ensemble de 47 milliards de dinars représentant le total du budget de 2020. D’où un exercice très délicat à la charge de la future équipe gouvernementale, qui aura à négocier parallèlement avec le FMI la part de la masse salariale par rapport au PIB.
Les préoccupations majeures restent la maîtrise de l’inflation, celle du déficit de la balance commerciale et la question des dépenses de l’Etat. Sur ces problématiques essentielles, l’expert Ezzeddine Saïdène propose de procéder à un diagnostic objectif de la situation économique du pays et d’engager dans l’urgence un plan d’ajustement structurel sur une année et demie, pour entamer ensuite la réalisation des grandes réformes qui nécessiteront trois à quatre années.
En réalité, les problèmes qui se poseront à la nouvelle équipe sont les mêmes qu’ont dû confronter les trois gouvernements précédents. Et se pose la nécessité de s’engager au plus vite, d’une manière volontariste, dans ce que l’on a appelé les grandes réformes qu’il s’agit de définir. La relance concrète de l’activité économique qui n’a pas pu avoir lieu toutes ces dernières années reste un impératif de plus en plus nécessaire et urgent.
Parmi ces «grandes réformes», il est impérieux de citer la réforme fiscale qui devra consacrer l’équité entre tous les contribuables et englober les activités qui échappent encore à l’obligation de contribution aux ressources de l’Etat. Il s’agit également de s’empresser de poser les conditions d’une intégration rapide des régions défavorisées, un impératif dûment réclamé et qui ne peut attendre. Personne n’est en mesure d’identifier les priorités auxquelles devra se consacrer le futur gouvernement, car cela est tributaire de sa démarche propre et de la stratégie de réforme qu’il adoptera.
Le taux de croissance économique a été révisé à la baisse, soit 1,5% pour toute l’année 2019. Cela handicape le budget que devra élaborer le nouveau gouvernement.
Pour les économistes, il est nécessaire que soient proposés des programmes qui permettent d’accélérer le rythme de croissance de l’économie nationale, tout en favorisant la création d’emplois. Car il s’agit de rassurer les jeunes par des solutions concrètes qui ne vont pas éradiquer totalement le chômage, mais qui peuvent parer au plus pressé et faire baisser le taux actuel qui est de 15,3%. Autre dossier essentiel qui attend le gouvernement en gestation, le sort des entreprises publiques. Les importantes pertes, à des niveaux divers, qu’enregistrent ces entreprises sont reconnues comme la conséquence d’une gouvernance défaillante. Pour l’économiste Ridha Chkoundali, « l’absence de l’Etat et le manque de fermeté dans l’application de la loi comptent parmi les principales causes du blocage de la production à la CPG (Compagnie des phosphates de Gafsa). Ils ont contribué à la baisse de la productivité dans la plupart des administrations publiques, à l’aggravation du phénomène de monopole et à la prolifération de l’économie parallèle ». Un appel au secours en direction de l’Etat qu’aucun des gouvernements successifs n’a réussi à traduire en décisions efficaces.

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